Comment Acheel et Entoria scorent le risque grâce à l’intelligence artificielle
Fabrice Jollois, président d’Entoria, et Ralph Ruimy, cofondateur d’Acheel, détaillent la manière dont ils ont conçu un parcours de souscription digital pour la multirisque immeuble (MRI) basé sur l’intelligence artificielle.
L’origine. « L’idée était de combiner nos forces pour rajeunir un business sur lequel il y avait peu d’innovations », explique Fabrice Jollois, président du courtier grossiste Entoria. Le courtier s’est associé au néo-assureur Acheel en septembre 2022 pour une offre en multirisque immeuble avec une offre conçue par Entoria : fin septembre 2023, un nouveau parcours de souscription en ligne a été lancé pour ce produit.
« Le fait d’avoir digitalisé le parcours n’est pas une nouveauté en soi sur le marché. En revanche, réduire le parcours à quatre étapes, contre une douzaine auparavant, ça c’est unique. Il y a deux nouveautés : l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) et le scoring du risque, le point de départ étant la donnée publique », explique Valentin Laqueste, directeur des offres, du marketing, du digital et de la data chez Entoria.
Le fonctionnement. Dès lors que le souscripteur rentre une adresse à partir d’une API alimentée par des bases de données officielles, l’IA vient compléter les informations qui permettent de tarifer le risque. Elle récupère un certain nombre de données telles que le cadastre, la date de construction de l’immeuble, sa superficie, sa hauteur ou encore la présence d’activités dans l’immeuble. Ensuite, le souscripteur renseigne les antécédents de sinistres, puis choisit les garanties. Si l’IA valide le dossier, le devis est envoyé pour être signé électroniquement.
Entre la saisie de l’adresse et l’envoi du devis, l’IA a analysé la façade et la vue satellite de l’immeuble. Elle a repéré les éventuelles fissures, les signes d’inoccupation, identifié les matériaux de construction ou encore la présence de panneaux photovoltaïques. Cela aboutit à un scoring : si le feu est rouge, l’outil bloque la souscription. S’il est vert, le contrat est transformé. Dans 80 % des cas, le score est inférieur au seuil d’alerte fixé par l’assureur et l’affaire est validée automatiquement. Si le feu est orange, l’analyse repasse entre les mains du souscripteur.
Les avantages. « Le premier objectif, c’est de rendre la souscription plus simple pour les courtiers. C’est ce qui va nous faire gagner des parts de marché », assure Fabrice Jollois. « Cela va également faciliter le travail en interne. Nous recevrons p lus d e dossiers, mais de façon plus normée. Nous passerons plus de temps sur des dossiers orange, l’objectif étant de souscrire de meilleurs risques au furet à mesure », explique Ralph Ruimy, cofondateur d’Acheel, pour qui l’IA permet une appréciation plus fine du risque. « Plutôt que d’interdire la souscription de certaines zones complètes, l’outil travaille au niveau de la parcelle », explique-t-il.
Grâce à cette approche innovante, Entoria espère pouvoir séduire des agents généraux en se positionnant en solution alternative à ce que leur propose leur compagnie mandante. « D’où l’importance de proposer des outils simples et intuitifs malgré la complexité qui se cache derrière », témoigne Fabrice Jollois. « Je dis toujours qu’il faut ajouter un peu de bon sens dans notre métier. Cet outil, c’est du bon sens. Il existe des API partout. Il suffit simplement de les brancher, de les normer et de mettre en place les bons process de contrôle », insiste Ralph Ruimy. « Encore faut-il accepter de prendre le risque de changer », conclut Fabrice Jollois.
Un partenariat renouvelé
Le néoassureur Acheel, créé en 2021, et le courtier grossiste Entoria s’étaient déjà associés en février 2022 pour proposer une assurance complémentaire santé aux travailleurs frontaliers français travaillant en Suisse. Ce nouveau produit MRI permet de couvrir les immeubles d’habitation, bureaux, commerces ou encore les logements vacants d’une surface allant jusqu’à 10 000 m².